Feature

L'odyssée du fleuve Saint-Laurent : l'histoire d'un partenariat crucial pour la nature

La nature peut nous montrer à sa manière ce qui est important. En septembre 2020, je me suis retrouvé avec Dax Dasilva, chef de file en matière de technologie et fondateur de Age of Union, à vivre une belle odyssée sur le fleuve Saint-Laurent, au cours de laquelle nous avons traversé des écosystèmes aussi uniques que vous et moi. Notre voyage a commencé au delta du fleuve, à la tête du lac Saint-Pierre. Nous étions seulement à une heure de route à l’est de Montréal, mais nous nous sentions comme dans un autre monde.

Doux géants et créatures dignes du Jurassique

Le fleuve Saint-Laurent est parsemé de plus d’une centaine d’îles, dont certaines n’ont jamais été touchées par les activités humaines. Des arbres centenaires se dressent majestueusement au-dessus d’elles, leur écorce marquée par les eaux de crue des printemps passés. Ces doux géants se sont adaptés pour survivre à des inondations extrêmes. De leurs troncs solides à l’extrémité de leurs plus hautes branches, ils continuent d’être là à dégager une aura de nature sauvage. Peut-être s’agit-il d’un signe d’espoir.

Les grands hérons sont partout à guetter leur proie, dressés comme des statues sur le rivage, ou passant en vol plané juste devant notre bateau, des créatures rappelant celles du Jurassique. Avec leur plumage bleu-gris, leur bec pointu, leur cou élancé, leurs longues pattes et leurs larges ailes, ces magnifiques créatures comptent parmi les plus grands et spectaculaires échassiers au Canada. La plus grande colonie de hérons nicheurs s’est établie en Amérique du Nord il y a plusieurs siècles, pêchant aux côtés des peuples autochtones. Notre monde a beaucoup changé depuis et les hérons ainsi que les marques laissées sur les arbres par les crues nous rappellent que d’une certaine façon, la vie sur le fleuve n’a pas vraiment changé.

Considérations passées, présentes et futures

Au cours de la dernière décennie, des crues extrêmes ont fracassé des records datant de plus d’un siècle. Je me demande si les gens s’en souviendront dans cent ans, s’ils étudieront eux aussi les marques laissées sur les arbres par les crues passées. Dax et moi en discutions en naviguant les canaux étroits des vastes prairies de riz sauvage et d’herbes émergeant des eaux peu profondes autour des îles. Les scientifiques et les biologistes appellent ces milieux humides les reins du Saint-Laurent, car ils filtrent l’eau au fur et à mesure qu’elle s’écoule en aval.

Près de 20 % de l’eau douce mondiale coule dans le Saint-Laurent avant de se déverser dans la mer. Une goutte d’eau met 300 ans à atteindre l’océan depuis la source des Grands Lacs. Les scientifiques savent que nous devons veiller sur ces milieux humides afin qu’ils puissent poursuivre leur rôle essentiel. Heureusement, Age of Union contribue à protéger les milieux humides, les îles et les rives du fleuve pour qu’ils puissent continuer de retenir les inondations, de filtrer notre eau potable et de soutenir les poissons et autres espèces sauvages. 

Les changements climatiques s’accélèrent à l’échelle de la planète. Heureusement, de nombreuses personnes, comme Dax, comprennent l’équilibre fragile de la vie et la capacité de chacun d’entre nous à changer les choses. Appuyée par Age of Union et des milliers de personnes préoccupées par la situation, Conservation de la nature Canada (CNC) entreprend d’importants travaux de restauration le long du fleuve Saint-Laurent, dont des corvées de nettoyage de certains habitats, le reboisement des plaines d’inondation et la création de chenaux de fraie pour les poissons.

Prenez un instant pour réfléchir à l’omniprésence de l’eau dans votre vie quotidienne, alors que vous dégustez votre thé ou votre café matinal, que vous lavez la vaisselle ou que vous arrosez vos plantes. Cette eau provient probablement des mêmes cours d’eau que Dax et moi avons empruntés. Je partage l’avis de Dax, qui croit que nous pouvons tous jouer un rôle de premier plan dans la protection de nos milieux naturels et je vous encourage à envisager une relation de partenariat à long terme avec la nature. J’ai moi-même été témoin du pouvoir des gens : des propriétaires collaborent avec CNC afin de conserver des terres, des agriculteurs choisissent des techniques qui nourrissent les sols qu’ils cultivent, et des gens comme vous et moi deviennent bénévoles pour planter des arbres et nettoyer nos cours d’eau.

Age of Union s’efforce de sensibiliser la population et de mettre au premier plan le rôle que nous avons tous à jouer pour protéger la nature. Ensemble, nous pouvons nous engager à prendre soin de la nature, tous les jours. Il suffit de simples gestes, comme réparer un robinet qui fuit, ou encore de passer un peu moins de temps sous la douche le matin. J’espère que vous aurez vous aussi l’occasion de faire des découvertes sur ce fleuve magnifique et de voir par vous-même pourquoi il mérite notre protection et notre plus profond respect.

CRÉDITS

Article écrit par Joël Bonin.
Joël Bonin est biologiste et vice-président associé, Développement des affaires et Communications de Conservation de la nature Canada (CNC) pour la région du Québec. CNC a pour mission de protéger les habitats naturels avec l’aide de l’ensemble de la population canadienne, des propriétaires de terres aux utilisateurs du territoire, en passant par les particuliers, les entreprises et les collectivités. Au cours des 50 dernières années, CNC, avec l’aide d’intervenants locaux, a acquis et protégé le plus important ensemble de milieux naturels protégés sur le fleuve Saint-Laurent. Le soutien d’Age of Union permettra de protéger et restaurer encore plus d’habitats qui profiteront aux espèces sauvages et à la population pour les générations à venir. Pour contribuer à protéger la nature sur le terrain, nous vous invitons à en apprendre plus sur le programme Bénévoles pour la conservation de CNC.

Photos 1, 2, 4, 10 Oli Jobin

Photos 3, 5, 6, 7, 8, 9 Jeremie Aubut