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Célébrez la Journée internationale de la femme en découvrant quinze femmes écologistes inspirantes

Le 8 mars de chaque année, le monde entier célèbre la Journée internationale de la femme (JIF). Le thème central de la campagne pour l’année 2021 est « Choose To Challenge », inspiré par l’idée « qu’un monde qui se remet en question est un monde en alerte. Individuellement, nous sommes tous responsables de nos pensées et de nos actions. Et ce toute la journée, tous les jours. Et des défis naît le changement. Alors, choisissons tous de relever le défi » (International Women’s Day). Quelle belle occasion de discuter du rôle des femmes dans la défense de l’environnement et de la façon dont elles continuent à contribuer au mouvement environnemental!

N’oubliez pas de prendre la pose « Choose To Challenge » et de partager vos photos sur vos médias sociaux en utilisant les mots-clés #ChooseToChallenge #IWD2021 pour encourager votre communauté en ligne à créer un monde inclusif.

Le lien intime existant entre la terre et l’entité féminine est une croyance répandue dans de nombreuses traditions mondiales; nous parlons entre autres de Mère Nature, Mother Earth, Pacha Mama, et Bhūma Devī. La féministe française de renom Françoise D’Eaubonne a inventé le concept « d’écoféminisme » en 1974 et celui-ci peut se comprendre comme une philosophie qui explore le rapport entre les femmes et la terre. Les femmes, comme la terre, créent, nourrissent et protègent la vie, mais quoi qu’il en soit, les femmes demeurent sous-représentées dans les processus décisionnels nationaux et internationaux concernant les changements climatiques (moins de 25 % des délégués principaux des récentes négociations internationales sur le climat étaient des femmes [National Wildlife Federation]). » La lutte pour les droits environnementaux et la lutte pour les droits des femmes sont profondément liées, car les deux s’opposent à un système patriarcal. L’écoféminisme cherche à insuffler des valeurs de « structures non linéaires, et une vision du monde qui respecte les processus organiques, les connexions holistiques, et les mérites de l’intuition et de la collaboration » (Encyclopedia Britannica).

« Cette terre est ma sœur; j’aime sa grâce quotidienne, son audace silencieuse, et comme je suis aimée, comme nous admirons cette force l’une dans l’autre, tout ce que nous avons perdu, tout ce que nous avons souffert, tout ce que nous savons : nous sommes stupéfaites par cette beauté, et je n’oublie pas : ce qu’elle est pour moi, ce que je suis pour elle. » — Susan Griffin (La femme et la nature)

Anne Dagg et Jane Goodall

De nombreuses femmes inspirantes ont jeté les bases nécessaires pour que les jeunes meneuses du changement puissent aujourd’hui prendre les devants. Des pionnières contemporaines comme Anne Dagg (connue pour ses études prééminentes sur les girafes et ses recherches approfondies sur la discrimination des femmes dans le domaine universitaire) et Jane Goodall (réputée pour ses travaux sur les primates et considérée comme la plus grande spécialiste mondiale des chimpanzés) sont devenues le visage moderne des femmes écologistes, alors même qu’elles ont commencé leur carrière à une époque où on jugeait les femmes trop incompétentes pour travailler directement sur le terrain. Grâce à de tels exemples, les femmes scientifiques qui voyagent et dirigent leurs initiatives de recherche sont désormais une réalité à part entière.

« Quand j’étais petite, je rêvais en tant qu’homme, parce que je voulais faire des choses que les femmes ne faisaient pas à l’époque, comme voyager en Afrique, vivre avec des animaux sauvages et écrire des livres. » — Dre Jane Goodall (entrevue pour Times)

Justine Philippon et Hélène Collongues

« La primatologie est un domaine féminin. Un grand nombre de femmes ont emboité le pas à Jane Goodall, Diane Fossey et Biruté Galdikas, qui ont été des pionnières dans cette discipline, » explique Justine Philippon, primatologue et défenseuse de l’environnement française d’une trentaine d’années. À l’âge de 21 ans, Justine a commencé à travailler avec Ikamaperu, une ONG franco-péruvienne fondée en 1997 par Hélène Collongues qui assure la protection de la faune, de la biodiversité et de la communauté locale Awajun. Partageant son temps entre la France et le Pérou, Justine mène ses recherches doctorales sur les singes laineux et continue, avec Hélène, à lutter activement contre le trafic de primates tout en œuvrant à la protection de leur habitat naturel, la forêt.

Vandana Shiva

L’une des plus éminentes militantes indiennes pour l’environnement, la Dre Vandana Shiva étudie depuis des décennies les effets de la mondialisation sur l’approvisionnement alimentaire de l’Inde. Son projet est indissociable du bien-être des femmes puisqu’elles représentent la principale main-d’œuvre des exploitations agricoles du pays. Le modèle de production intensive inhérent à la mondialisation est vu comme une dynamique masculine. Ainsi, son combat pour la protection de la diversité des récoltes, de l’agriculture locale et des femmes se conjugue indubitablement avec le féminisme. Vandana continue à persévérer dans un pays où les droits des femmes ont encore beaucoup de chemin à parcourir. Son travail environnemental est étroitement lié à la féminité, comme elle l’explique dans son livre Ecofeminism, rédigé en partenariat avec Maria Mies.

« Soit nous aurons un avenir où les femmes ouvrent la voie à la paix avec la Terre, soit nous n’aurons pas d’avenir du tout. » — Vandana Shiva

Ishimure Michiko et Erin Brockovich

Beaucoup d’écologistes dénoncent fréquemment les effets négatifs et nocifs que la pollution environnementale peut avoir sur la santé humaine. Ishimure Michiko, femme au foyer japonaise originaire d’un petit village de pêcheurs devenue écologiste et écrivaine, est un exemple inspirant de militantisme et de leadership qui l’emporte sur les conséquences néfastes de la pollution. Dans les années 50 et 60, Ishimure a initié les recherches qui ont révélé la responsabilité de l’usine chimique de Chisso dans l’apparition tragique de la maladie de Minamata au sein de son village. Elle s’est inquiétée lorsque de nombreux habitants, dont elle-même, sont tombés mystérieusement malades. Dans son premier livre intitulé Cruel Tales of Japan : Modern Period (1960), elle raconte de première main les effets toxiques de l’empoisonnement au mercure en interviewant les habitants de son village — la maladie de Minamata est un syndrome neurologique causé par un empoisonnement grave au mercure. C’est toutefois son deuxième livre, Mer de souffrance, terre pure : notre maladie de Minamata (1969), qui est devenu son ouvrage définitif sur la maladie de Minamata et lui a valu plusieurs prix, qu’elle refusa jusqu’à ce que la situation critique des victimes soit enfin reconnue par le gouvernement. Son œuvre a été applaudie à l’international pour avoir mobilisé à la fois des reportages factuels percutants et une narration littéraire exquise qui ont touché le cœur et l’esprit des lecteurs et ont conduit à une prise de conscience mondiale de la menace de la pollution environnementale et à la naissance du mouvement écologiste. (The Asia-Pacific Journal).

À l’autre bout du monde, une autre militante nommée Erin Brockovich avait une mission similaire, celle de s’opposer à la négligence des entreprises. L’assistante juridique a joué un rôle déterminant dans l’élaboration du dossier gagnant contre la Pacific Gas & Electric Company (PG&E) de Californie en 1993. Le procès qu’elle a intenté est devenu un film grand public intitulé Erin Brockovich (2000), mettant en vedette Julia Roberts, qui a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour sa prestation dans le film. Erin est devenue une icône de la culture populaire et a mis à profit sa notoriété pour continuer ses efforts humanitaires en poursuivant inlassablement des entreprises en justice afin de les tenir responsables de leur comportement négligent.

Wangari Maathai

Une autre pionnière de l’environnement digne d’intérêt est la biologiste kenyane Wangari Maathai, la première femme africaine lauréate du prix Nobel en 2004. Surnommée « la femme qui plantait des arbres » et « la maman des arbres », elle a fondé le Mouvement de la ceinture verte en 1977, une initiative environnementale consacrée à la plantation d’arbres, à la préservation de l’environnement et à la lutte pour les droits des femmes. Elle a réussi à reboiser le Kenya tout en valorisant les femmes de son pays.

« Tant que vous n’avez pas creusé un trou, planté et arrosé un arbre pour le faire survivre, vous n’avez rien fait. » — Wangari Maathai

Greta Thunberg et Artemisa Xakriabá

À l’heure actuelle, une nouvelle génération est prête à reprendre les rênes et se battre pour l’avenir de la planète. Les possibilités sont infinies! Les femmes d’aujourd’hui ont personnalisé leurs efforts écoféministes et ont su les transposer à tous les aspects de la vie moderne, de la conservation au commerce en passant par les produits innovants, tout en exploitant le pouvoir positif des médias sociaux. Pensons à Greta Thunberg, la militante suédoise pour l’environnement âgée de 18 ans qui démontre qu’une voix forte n’est pas nécessairement le fruit d’un âge avancé. Parallèlement, la militante autochtone brésilienne Artemisa Xakriabá, âgée de 21 ans, prend la parole pour protéger la forêt amazonienne et sa communauté. Durant son discours lors de la grève pour le climat organisée à New York en 2019, elle a déclaré :

« Nous, les peuples indigènes, sommes les enfants de la nature, donc nous nous battons pour notre Terre Mère, parce que le combat pour la Terre Mère est la mère de tous les autres combats. Nous nous battons pour vos vies. Nous nous battons pour nos vies. Nous nous battons pour notre territoire. » — Artemisa Xakriabá

Nemonte Nenquimo et Alexandra Narvaez

L’union de plusieurs voix peut avoir un réel impact, comme le démontre l’action collective menée par deux leaders équatoriennes, Nemonte Nenquimo (de la communauté Waorani) et Alexandra Narvaez (de la communauté Kofan). Le 14 août 2020, une centaine de femmes autochtones ont manifesté dans les rues de Brasilia, pour démontrer leur solidarité dans la lutte contre l’exploitation de la forêt amazonienne. Nemonte explique que depuis des siècles, les communautés indigènes s’efforcent de maintenir leur territoire propre et sain. Or, depuis les années 1960, l’augmentation exponentielle du taux de consommation des ressources, l’accroissement constant de l’exploration pétrolière, l’exploitation forestière et la construction de routes ont eu des répercussions désastreuses sur les forêts tropicales de l’Équateur et sur la population locale. Nemonte a consacré sa vie à protéger les droits de la personne et à protester contre les effets destructeurs que le capitalisme, les politiques gouvernementales non réglementées, la surconsommation et la technologie (Brut.) peuvent avoir sur l’environnement.

« Notre territoire, notre corps, notre esprit ».

Lauren Singer

À présent, les femmes ne font pas seulement une différence pour notre planète en tant que militantes environnementalistes, mais aussi en tant qu’entrepreneures. Ces leaders soucieuses de l’environnement habilitent leur clientèle à avoir un impact positif sur l’environnement en proposant des options durables. Elles inspirent les gens à mener un mode de vie plus écologique.

On en trouve un exemple parfait chez Lauren Singer, une militante américaine pour l’environnement devenue écoentrepreneure, à qui l’on doit la popularisation du mouvement zéro déchet. En 2012, Lauren Singer a fait sensation sur Internet en racontant son parcours personnel pour réduire à zéro son volume de déchets : elle est devenue célèbre du jour au lendemain pour avoir réussi à faire tenir dans un seul bocal Mason de 16 oz l’équivalent d’une année de tous les déchets qu’elle avait produits. Deux ans plus tard, elle a créé le populaire Trash is for Tossers, un blogue qui fournit des conseils pour réduire les déchets quotidiens et des informations sur l’environnement permettant de mener une vie durable de manière simple, économique et amusante. En parallèle, Lauren a fondé The Simply Co., une ligne de soins personnels qui vise à commercialiser des produits durables et non toxiques. En 2017, Singer a lancé Package Free, un cybermarché qui vend exclusivement des produits respectueux de l’environnement, et qui, de surcroît, mobilise les marques à réduire leurs déchets, leur utilisation globale de plastique et leurs emballages. Depuis son lancement, Package Free a évité que plus de 4 millions de pailles en plastique, plus de 3 millions de sacs en plastique et plus de 1,5 million de bouteilles et de gobelets non recyclables ne soient envoyés dans des sites d’enfouissement

Meika Hollender

Le mouvement écoféministe a également ouvert la voie à des écoentrepreneures comme Meika Hollender. En 2019, Meika a créé Sustain, une société certifiée « B Corp »  fabrique des produits érotiques et menstruels sans gêne et qui a pour principe directeur l’idée de privilégier le bien des personnes, des animaux et de la planète. Meika considère qu’elle ne devrait pas avoir à faire de compromis en matière de santé sexuelle et reproductive, et que notre bien-être ne devrait pas non plus mettre en danger l’environnement. En lançant Sustain, elle a voulu créer la première marque de produits naturels de bien-être sexuel qui protègent à la fois le corps des femmes, celui de leur partenaire et la planète.

Chloe Roy

Nous concluons notre liste de femmes inspirantes avec l’entrepreneure montréalaise Chloé Roy, la fondatrice de Floramama. Chloé fait plus que proposer des bouquets et des arrangements floraux durables; elle adopte également une approche écoresponsable dans tous les aspects de son activité afin de montrer la beauté et la diversité de la nature dans son état naturel. Sa ferme florale fait partie d’un mouvement collectif de producteurs qui encouragent l’agriculture biologique locale. Chloé s’engage à travailler en harmonie avec la nature en utilisant des intrants certifiés biologiques, en réduisant au minimum le travail du sol pour en préserver la structure et en respectant la biodiversité dans tout ce qu’elle fait.

Tout au long de l’histoire et aux quatre coins du monde, les femmes œuvrent pour inspirer et agir pour l’avenir. Que vous soyez jeune ou d’âge mûr, que vous marchiez pour une cause ou que vous lanciez une ONG, que vous meniez des recherches sur le terrain ou que vous lanciez une entreprise durable, ou même que vous envisagiez de devenir une influenceuse pour sensibiliser vos pairs, sachez que peu importe la forme que prend votre voix, du moment que de plus en plus de voix sont entendues.  

CREDITS

Article rédigé par Mariette Raina et Emma Dora Silver stone-Segal.

Mariette Raina écrit des articles qui abordent des sujets environnementaux, spirituels et artistiques. Elle est titulaire une maîtrise en études anthropologiques et une vaste expérience dans le domaine des beaux-arts. Elle a contribué à de nombreux projets pour Dax Dasilva depuis 2016. Elle est actuellement responsable de la recherche pour Age of Union.

Emma Dora Silverstone Segal est titulaire d’un diplôme en sociologie et religions du monde de l’Université McGill. Elle a commencé sa carrière en relations publiques et marketing dans le secteur de la mode, pour ensuite être responsable de la création et des achats en tant que directrice créative des accessoires pour hommes et femmes au Château pendant plus de six ans et demi, avant de se consacrer à la conservation environnementale. À Miami, elle a représenté des photographes naturalistes et leurs œuvres dans une galerie de Wynwood, tout en travaillant comme journaliste indépendante dans le domaine de l’environnement. Elle est aujourd’hui directrice créative et productrice de documentaires pour Age of Union.

Photo 1 Stéphane Desmeules (photo, montage) et Rodrigo Gelmi (arbre 3D)
Photo 2 photographie de campagne pour la Journée internationale de la femme
Photo 3 Cristina Gottardi à partir de la plateforme Unsplash
Photo 4 Portrait d’Anne Dagg
Photo 5 Portrait de Vandana Shiva
Photo 6 Portrait de Wangari Maathai
Photo 7 Alexandra Narvaez, cheffe des Kofan, et Nemonte Nenquimo, cheffe des Waorani, photographiées par Hivos
Photo 8
Portrait de Lauren Singer
Photo 9 
Chloé Roy à l’œuvre dans son atelier